PROLOGUE
La mer sombre déversait calmement ses ténèbres sur la
plage, qui, en cette nuit de pleine lune, brillait d’un éclat ensanglanté. La
faible luminosité rendait le paysage si sombre que la nuit elle-même ne lui
arrivait pas à la
cheville. Si n’importe quelle créature un tant soit peu dotée de bon sens
passait par là, l’atmosphère lui insufflerait cette peur primale qui nous
indique que nous devons fuir, pour notre survie. Soudain, une créature sortit de l’ombre et
plongea dans les flots obscurs. Son passage fut si bref, si court, que l’on
aperçut de lui qu’une silhouette phosphorescente, comme un spectre, et une tête
d’hippocampe. À sa suite émergèrent dix, vingt, trente monstres ombrageux,
semblables aux ours que nous connaissons, qui plongèrent à leur tour dans le
cours d’eau noir ; Une cavalcade. Une autre créature identique à la première
sortit alors de la mer, elle était revenue. Pourtant elle n’avait pas une seule
égratignure. Dès le moment où elle partit, d’innombrables carcasses se mirent à
flotter sur la surface de la mer, manifestement celles des créatures sombres,
s’étendant à perte de vue en cette nuit morbide. La lune tourna alors du blanc
laiteux au rouge sanglant, baignant ainsi les flots d’une lueur plus lugubre
encore. La lune avait parlé. Cette nuit sera à jamais gravée dans l’histoire.
Mais quelqu’un le remarquera-t-il seulement ? La lune reprit alors sa teinte
naturellement bleutée et les carcasses disparurent à leur tour, emportée par le
courant marin et par la lune elle-même, donc. Malgré tout, une carcasse
persista et resta au milieu du lagon. Elle était différente. Dotée d’un corps
opaque et de quatre membres bien définis, elle n’avait rien en commun avec les
précédentes. Elle avait cette silhouette élancée et ces formes qui
caractérisaient les efféminés animales. Son apparence rappelait vaguement une
créature mythique qui, n’ayant visiblement sa place que dans les contes et
légendes, était inimaginable dans la réalité de cette dimension. Pourtant, ce
ne pouvait être que cela. Elle ne pouvait être qu’humaine.
Chapitre 1 : De nouveau
Elle marcha à travers la brume comme
un couteau traverserait du beurre. Pour la quatorzième fois aujourd’hui, elle
arriverait chez elle, ouvrirait la lumière et se retrouverait engloutie sous
les “Joyeux anniversaire !” et les “Surprise !”. Malgré la fine bruine qui
brouillait ses lunettes, Laure constata avec étonnement qu’il n’y avait rien
autour d’elle. Rien sauf le même épais brouillard qui la recouvrait telle une
feuille serrai recouverte de rosée un matin printanier. Elle changea alors
complètement d’univers. Le paysage qui l’entourait était à présent noir comme
les plus profondes grottes sombres qui, abris de monstres sanguinaires, étaient
pires que les cimetières les soirs de pleines lunes. Ses épais cheveux bouclés
en batailles devant son beau visage, Laure progressa à pas de loups dans cet
endroit sinistre dont elle n’avait aucune idée de l’emplacement de la sortie.
Puis, le paysage changea de nouveau. Les alentours étaient maintenant tellement
clairs qu’elle ne vit rien de ce qui l’encerclait. Nouveau changement. Ils
étaient décidément très fréquents. Cette fois c’était un champ de flambignons
et de coquelicrôts, caractérisés par une odeur curieuse...celle du miel et des
fraises bouillies et fermentées. C'était décidemment très lassant ; un nouveau
changement venait d’interrompre son observation. Cette fois elle se trouvait,
d’après les éléments du paysage autour d’elle, dans une chambre magmatique. Du
moins, ses vestiges. Les traces du liquide incandescent marquaient encore
l’endroit d’une façon inquiétante ; elles avaient une forme étrange, qui
évoquait les textes anciens du monde...qu’elle avait étudiés ! À peine eu elle
commencé à étudier la fresque, que le sol se mis à trembler et qu’elle se
réveilla en sursaut. Elle sut tout de suite qu’il s’agissait d’un rêve...un
d’un cauchemar. Pourtant, une vague impression persista dans son esprit : celle
que les précédents événements étaient réels et que ces lieux lui étaient
familiers. Malgré tout, Laure ne se doutait pas de la réalité. Réalité étant
qu'il ne s’agissait ni d’u rêve, ni d’un cauchemar, mais bien d’une vision du
passé.
Tiré du roman en cours d’écriture : Boussole
Treanna Gosselin
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